Au niveau national, on compte 42% d’avis féminins contre 58 % d’avis masculins au baromètre des villes cyclables. En France, il y a 51% de femmes et 49 % d’hommes. Avant que l’on ne s’emporte à dire trop rapidement que les femmes font moins de vélo que les hommes, nous procurons une petite observation de la population féminine sur la Métropole et on détaille les profils des répondants sur Grenoble.
Un public touché principalement masculin
Une campagne telle que le baromètre des villes cyclables passe par des canaux de communication. La FUB contacte ses membres, son réseau étendu, fait de la communication au niveau nationale. Les membres distribuent des flyers et sollicitent leurs territoires pour obtenir des réponses. Hors, bien que le CA de la FUB soit depuis récemment paritaire, on ne peut pas dire que la FUB arrive à toucher le public féminin facilement, ni que les associations membres suivent toutes sur le sujet de la parité. Plus généralement, le militantisme « féminin » sur le sujet de la mobilité ou l’implication de femmes dans la question de l’aménagement urbain est peut-être le vrai sujet derrière cette proportion plus faible de répondantes.
Observations sur Grenoble
On réalise quelques observations sur la ville de Grenoble uniquement, vu le large échantillon disponible.
Pas de différence dans les profils
Les distributions des profils masculins et féminins des répondants sont similaires. Ainsi, à Grenoble, l’enquête du baromètre des villes cyclables a plutôt touché des cyclistes expérimentés entre 25 et 55 ans (tranche « active »). 95% des répondants disent posséder le permis de conduire, pourcentage identique chez les hommes et les femmes.
Pas de différence dans la pratique
Notent-elles différemment ?
Les femmes ne notent pas différemment que les hommes. La répartition des notes féminines est plus gaussienne que celles des hommes, mais il n’y a aucune différence majeure. On a même cherché la petite bête en observant uniquement l’aspect sécurité : là aussi, le ressenti féminin ne diffère pas du masculin.
Les notes sont-elles objectives ?
Un des créateurs du baromètre, Patrice Nogues, a déjà réalisé une analyse très poussée sur l’influence du profil personnel sur la note attribuée après l’édition 2017 : environ 10% de la note dépend du répondant.
Traduction : si la ville est mal notée ce n’est pas parce que quelques apparatchiks ont décidé de vous sanctionner, et inversement.
Néanmoins, on peut légitimement se poser la question de l’évolution de la note si on arrivait à toucher des publics plus novices (et peut-être d’autres classes sociales).
Le sujet des femmes à vélo est ailleurs
Le sujet existe. La vie d’une femme à vélo, ou plutôt dans l’espace public, n’est pas toujours rose : insultes, comportement des automobilistes, et parfois des autres cyclistes (NDLR : j’ai été renversée 2 fois par des cyclistes hommes, qui ne se sont pas arrêtés). Mais à vélo l’espace possible pour l’agression est réduit, en particulier lors des déplacements de nuit, ce qui tempère malgré tout ces observations.
Dans les vélo-écoles partout en France, on trouve plus de femmes que d’hommes. Ces femmes, novices et débutantes, souvent issues des publics précaires. Pour elles, le vélo est un moyen de trouver une autonomie dans des quartiers souvent excentrés. On ne les retrouve probablement pas dans l’enquête du baromètre.
Le sujet des femmes et du vélo existe, mais le baromètre des villes cyclables a ses limites pour l’appuyer par la donnée. Le défi serait plutôt du côté des militants, des associations et des élus pour mieux impliquer les femmes sur le sujet de la mobilité et l’utilisation de l’espace public.