Grenoble maintient sa première place, mais l’usage du vélo est encore freiné sur une grande partie de la métropole.
La seconde édition du baromètre des villes cyclables de la FUB a récolté près de 4700 avis de cyclistes sur la métropole grenobloise. Cette enquête permet aux cyclistes d’exprimer leur ressenti d’usage du vélo dans la ou les communes qu’elles ou ils pratiquent. Ainsi, 16 villes de la métropole intègrent le palmarès national 2019 (contre 6 en 2017).
Grenoble conserve la première place dans la catégorie des villes de 100 000 à 200 000 habitants, mais la politique cyclable du cœur métropolitain peine à sortir de la ville-centre avec un ressenti usager qui se dégrade dès la première couronne.
Parlons-Y Vélo remercie la FUB pour cette enquête ainsi que les répondants métropolitains, qui font aussi de Grenoble une des villes avec le plus fort taux de participation (22rep/1000 habitants).
Avec 15,2% de part de trajets domicile-travail à vélo (INSEE 2015), Grenoble est également la ville avec le plus de cyclistes du quotidien dans sa catégorie. La métropole est nationalement reconnue pour sa mise en place de la solution vélo, et le réseau Chronovélo fait régulièrement la chronique. Néanmoins, sur l’ensemble de la métropole, la part des déplacements à vélo est seulement de 4%.
L’enquête du baromètre des villes cyclables nous donne des indications sur les freins et les leviers en place pour la pratique du vélo au quotidien, en interrogeant le ressenti des cyclistes sur des aspects pratiques tels que la location et la réparation de vélo, le stationnement et les aménagements, la sensation de danger aux intersections ou la cohabitation avec les autres modes de transports. En plus du résultat de son enquête, la FUB a produit une carte des points noirs cyclables et nous fournit les commentaires des répondants.
La première édition plaçait Grenoble en tête de sa catégorie avec un climat « favorable » (note B) pour la pratique du vélo. Elle conserve son classement B alors que le climat de Meylan, Eybens et Saint-Égrève reste « plutôt favorable » (note C). Notons que ces communes possèdent depuis longtemps des cheminements cycles qui permettent une pratique sécurisée du vélo sur des itinéraires ciblés (école, centre culturel…).
Inversement, Vif, Claix, Jarrie et Fontaine sont considérées comme « défavorables » (note F), et l’on s’y plaint fortement de l’inaction des élus.
À l’exception de Meylan, les cyclistes estiment que les personnes âgées et les enfants ne peuvent pas se déplacer en sécurité à vélo sur l’ensemble des villes, et que les itinéraires cyclables ne sont pas pris en compte pendant les travaux. Le vélo est considéré comme globalement démocratisé mais il est encore trop réservé aux usagers expérimentés de la première couronne.
Avec presque 3 fois plus de villes classées qu’en 2017 et une augmentation du nombre d’avis de 30% environ sur la métropole, la mobilisation pour répondre au baromètre des villes cyclables démontre un intérêt certain pour le vélo.
Dans le cœur grenoblois, une politique volontariste qui se fait sentir mais les conflits qui augmentent.
Grenoble voit sa moyenne augmenter grâce à des efforts de communication et de la part des services comme Métrovélo. Alors que le ressenti global s’améliore,les répondants ont la sensation que les conflits et violences motorisées augmentent. Ainsi, les portions de Chronovélos existantes sont louées mais leur absence se fait sentir partout ailleurs. La carte des tronçons et points noirs montre que globalement tous les secteurs urbains denses de Grenoble (Berriat, Chorier, Ampère, Championnet) méritent une réflexion globale où une solution serait la mise en place de plans de circulation automobile en marguerite pour couper le trafic de transit dans ces secteurs et faciliter la circulation des cycles.
La périphérie attend — impatiemment — des Chronovélos et la volonté politique adéquate.
Le réseau structurant Chronovélo est prévu et financé jusqu’en 2023 et il reliera la périphérie au centre sur un schéma en étoile. Si son extension entre 2023 et 2030 est actée par le PDU, il n’y a en revanche aucun planning ni aucun financement de défini à ce jour.
Outre Chronovélo, la périphérie a besoin aussi d’un réseau structurant, notamment une rocade sud vélo qui est réclamée depuis près de 30 ans par l’ADTC et les associations locales !
Enfin, il faut aussi pouvoir compter sur l’intermodalité et permettre aux cyclistes de la périphérie de rejoindre le réseau de transports en commun. Des stationnements vélo sécurisés aux arrêts de trams et bus sont demandés aux municipalités de la périphérie.
Objectifs 2026
1/ La fin des coupures cyclables
a) La carte en ligne montre clairement les axes à aménager : sans surprise, les grands axes et intersections du centre-ville sont mis en évidence (Berriat, Gambetta, Grands Boulevards, Quais, Estacade, Chavant, etc.), ainsi que les axes principaux en périphérie. Si l’effort de la Métropole porte aujourd’hui sur la réalisation des axes Chronovélo, dont la mise en œuvre doit accélérer, elle ne peut faire l’impasse pendant le prochain mandat sur le besoin d’amélioration ou de reprise des grands axes grenoblois déjà très fréquentés.
b) Les itinéraires cyclables doivent être maintenus pendant les périodes de travaux. Les périodes de travaux doivent être utilisées pour inviter les automobilistes à prendre le vélo et non l’inverse.
2/ Une culture vélo pour tous les âges
- « savoir rouler à vélo » à l’école ;
- ateliers de sensibilisation et de remise en selle pour les institutions et les entreprises.
3/ Des itinéraires lisibles et des stationnements sécurisés
Le vélo est une vraie solution de transport.Un réseau performant doit pouvoir accueillir les cyclistes de demain : dimensionnement, continuité et connectivité sont primordiaux pour le rendre attractif. Les itinéraires doivent être lisibles et les intersections fluides et sécurisées. La mise en place du schéma directeur doit prendre en compte ces considérations.
Parlons-Y Vélo demande donc un plan d’actions détaillées à tous les candidats aux municipales 2020 pour améliorer la continuité au niveau des intersections majeures, ainsi que le déploiement rapide du réseau Chronovélo, avec une largeur de 4 mètres minimum pour absorber le flux de cyclistes attendu.
Le vol de vélo est ressenti comme un vrai fléau, principalement sur Grenoble et Échirolles. Parlons-Y Vélo enjoint la métropole à déployer des stationnements sécurisés et à communiquer largement sur les dispositifs de lutte contre le vol (sensibilisation et bicycode FUB). En particulier, l’augmentation du nombre de cyclistes pour la prochaine décennie se fera en permettant des accès sécurisés et confortables pour tous les établissements scolaires et installations sportives et de loisirs.
Se déplacer à vélo à Grenoble est de loin plus agréable que dans la majorité des villes en France, mais il reste beaucoup de travail pour tripler la pratique du vélo comme annoncé dans le PDU.