Inaugurée début juin 2020, la Tempovélo va de la mairie de Fontaine jusqu’à l’extrémité sud du quai du Drac (rue de Chamrousse) via la rue de la Liberté, permettant aux habitants de rejoindre sereinement le réseau cyclable de Grenoble et alentours via le pont Esclangon et le pont du Drac. C’est un aménagement bidirectionnel de 3m de large qui a été pris en supprimant un sens de circulation automobile, à un endroit où il n’y avait aucun aménagement cyclable.
Jeudi 8 avril s’est tenue une réunion d’information pendant laquelle la mairie de Fontaine a annoncé que la circulation motorisée sera rétablie à double sens d’ici l’été, ce qui est un vrai frein au développement de l’usage du vélo à Fontaine.
Au cours de la dernière année, nous avons interpellé les candidats fontainois lors des municipales, interrogé nos élus à chaque disparition de tronçon de la Tempovélo, et récolté différents sons de cloches sur la liaison structurante Fontaine-Grenoble. Il est temps de faire le point.
Un itinéraire cyclable fréquenté
Parlons-Y Vélo mène des séances de comptages pour mieux comprendre la dynamique de cette zone et pouvoir proposer des solutions en accord avec les flux et les usages observés. Nous tenons notre méthode à disposition.
Lors de la réunion publique du 18 novembre 2020, la Métro nous avait annoncé un flux de 1000 vélos par jour sur le quai du Drac, tout en reconnaissant que ce chiffre était vraisemblablement sous-estimé. En effet, fin mars 2021 nous avons relevé un flux moyen de 250 cyclistes et 160 voitures par heure entre 8h et 9h du matin sur ce quai — ce qui indique une fréquentation plutôt entre 1200 et 1500 vélos par jour.
Lors du point d’information du 8 avril 2021, personne à la Métro ou parmi les élus n’a été en mesure de nous donner une estimation de flux sur le quai du Drac, que ce soit pour les véhicules motorisés, les vélos ou les piétons. Nous regrettons que des décisions remettant en cause un itinéraire cyclable aussi fréquenté puisse se faire sans étude chiffrée des flux.
Dégradation annoncée
D’après Luc Forestier (adjoint aux mobilités), la Métro demande le rétablissement de la circulation automobile en double sens sur un tronçon de 240m entre le pont Esclangon et la rue de Chamrousse.
Sur ce tronçon, le plan annoncé par la mairie prévoit la transformation de la Tempovélo en une bande cyclable unidirectionnelle dans le sens sud-nord d’1m50 de large (bordure franchissable incluse) et la suppression de 5 places de stationnement dans le sens nord-sud pour permettre le retour du double-sens motorisé. Cet aménagement est présenté comme temporaire, et un budget de 50 k€ lui est affecté.
Nous sommes particulièrement inquiets pour les utilisateurs de la Tempovélo dans l’axe nord-sud qui se retrouveraient jetés au milieu du trafic auto au niveau du pont Esclangon.
Laurent Thoviste, adjoint à l’urbanisme et cycliste expérimenté, a suggéré que ces utilisateurs pourraient utiliser la piste unidirectionnelle à contre-sens — ce qui est trop dangereux pour beaucoup de cyclistes, et risque d’aboutir à une situation où les cyclistes les moins confiants rouleraient sur le trottoir. À minima, cela acte l’inadéquation de l’aménagement au besoin !
Laurent Thoviste ne considère pas que cet aménagement soit une dégradation des conditions de sécurité des cyclistes, mais a concédé que c’est « un peu moins bien ».
Nous demandons à la mairie et la Métro d’admettre que ce plan est une dégradation significative des conditions de circulation sur la Tempovélo.
Un tel itinéraire ne doit pas être dimensionné pour les cyclistes expérimentés et sportifs, mais pour les plus vulnérables — notamment les cyclistes néophytes ou qui transportent des enfants en bas âge. Nous comprenons que c’est un plan temporaire ; mais la solution définitive ne doit pas être conçue sur ces bases-là, qui sont très insuffisantes.
Les engagements de campagne 2020
Notre chance à Fontaine est que les élus concernés par le dossier se sont déjà clairement et publiquement engagés pour la solution vélo.
Laurent Thoviste s’est engagé pour 10 de nos 12 propositions, notamment :
- une Chronovélo de 4m de large en site propre non partagé avec les piétons ;
- repenser le plan de circulation pour supprimer le trafic de transit dans les quartiers résidentiels ;
- revoir les traversées par la circulation automobile de la ligne de tram A entre le pont du Drac et la Mairie pour éviter les trafics de transit malins entre les ponts de Catane et du Vercors ;
- mise en sens unique des axes non-structurants.
Le maire Franck Longo s’est engagé dans le cadre du pacte pour la transition écologique à apaiser la circulation dans les quartiers résidentiels avec la réalisation de plans de circulation en marguerite, et a pris le plus haut niveau d’engagement pour donner la priorité aux mobilités actives.
Nos propositions
Nous ne comprenons pas l’intérêt de rétablir la circulation motorisée à double-sens sur le quai du Drac au détriment des cyclistes. Nos comptages montrent que cet itinéraire est déjà plus utilisé par les cyclistes que par les voitures, et donc que la Tempovélo actuelle fonctionne très bien !
Une raison invoquée est le report de trafic de transit vers Jaurès et Péri, mais il ne nous semble pas très significatif (deux de nos membres y habitent). La Métro n’a pas fourni de chiffres pour étayer ce motif, et à notre connaissance, aucune étude de flux n’a été effectuée.
Si la question du trafic de transit est si pressante, une solution, envisagée par Laurent Thoviste au point public du 8 avril, serait de supprimer des places de stationnement sur le Quai du Drac pour maintenir un (petit) double-sens motorisé et une (petite) bidirectionnelle cyclable. Nous craignons que l’espace soit contraint, mais si c’est réalisable, l’essentiel serait préservé pour les cyclistes.
L’autre raison invoquée est de faciliter l’accès en voiture aux résidences proches du quai du Drac. Nous avons du mal à comprendre pourquoi cela justifierait de dégrader la sécurité des cyclistes sur cette portion-là, mais un compromis simple serait d’en faire une voie sans issue sauf piétons et vélos : seule la jonction avec la rue de Chamrousse serait coupée aux voitures, le trafic motorisé serait limité aux seuls riverains, et la cohabitation avec les cyclistes serait plus sereine.
Cette option de voie sans issue sauf piéton et vélo a déjà été testée pendant les travaux de VRD effectués à l’automne 2020, sans que l’on puisse observer de problèmes particuliers. Et cette option serait conforme à l’engagement de campagne du maire d’apaiser le trafic motorisé de transit en ayant recours à un plan de circulation dit « en marguerite ».
Enfin, et quelle que soit la solution retenue, nous demandons à la mairie et la Métro d’admettre que ce plan est une dégradation significative des conditions de circulation sur la Tempovélo et que l’aménagement définitif devra être basé sur des exigences de sécurité bien plus ambitieuses.
J ai malheureusement eu vent de ce triste projet qui prône le retour de la voiture sur les quais. C est un projet du passé, dépassé, qui va durable obliterer l un des plus beaux espaces de fontaine : les quais sauvages. Comment cela est il possible ? Il semble que nos élus ne s en soient pas apercu. Aveugles à cette beauté potentielle tant l espace est dégradé par les voitures en stationnement ou en transite, ils font de mauvais choix.
bonjour ,
Je partage cette très bonne analyse. On remarque que la même justification du nombre peu élevé de cyclistes fréquentant l’axe est faite à chaque « torpillage » de tempo vélo. Malgré les demandes réitérés, aucune communication de chiffres n’est faite par la métropole.
Bravo pour vos comptages, c’est vraiment la seule manière de prouver l’intérêt d’un aménagement pour les cyclistes
Bonjour,
attention dans la phrase « Laurent Thoviste, adjoint à l’urbanisme et cycliste expérimenté, a suggéré que ces utilisateurs pourraient utiliser la *piste* unidirectionnelle à contre-sens », il ne s’agit pas d’une piste cyclable mais d’une bande cyclable. Il n’y a donc aucune séparation physique entre les trafics vélo et motorisé !
Un/e cycliste qui roulerait à contre-sens sur cette bande se mettrait en danger (effet de surprise des motorisés arrivant en face ou bien sortie de stationnement des voitures) et surtout créerait des conflits avec les autres cyclistes arrivant dans le bon sens sur un aménagement déjà étroit ! On se croise comment ? L’un des deux se pousse et part sur la chaussée des motorisés, en faisant gaffe ? Celui qui sort de la bande cyclable est un looser ?
La suggestion de M. Thoviste est regrettable de la part d’un élu car elle sous-entend la légalité de certains comportements qui sont en fait hors-la-loi et contribue au climat « oui mais les cyclistes font n’importe quoi ». Par contre, elle montre bien qu’on a affaire à un dés-aménagement cyclable puisque les cyclistes les moins expérimentés / moins sûres finiront sur le trottoir à embêter les piétons qui, légitimement, auront des raisons de se plaindre.
Bonjour,
Je suis Fontainoise, j’utilise mon vélo quotidiennement pour tous mes déplacement, et j’habite avenue Jean Jaures à Fontaine. Donc très concernée par ces aménagements.
Dans votre analyse, il ne faut pas uniquement analyser les flux le long du Drac.
La mise en sens unique a généré énormément de circulation motorisée sur l’avenue Jean Jaures, qui est très étroite, impliquant beaucoup de nuisances sonores pour les habitants, un risque accru d’accidents pour les cyclistes, et même pour les piétons, vu la taille du trottoir !
Je souhaiterais plutôt avoir à la fois une piste cyclable aménagée et une voie à double sens du pont Escanglon à la rue de Chamrousse. Cela désengorgera l’avenue Jean Jaures qui n’est pas du tout adaptée à ce flux de voitures nuisant au confort de tous les habitants de la rue.